Qu'est ce que le Kamasutra ?
Le Kamasutra est un des textes qui fait le plus l’objet de fantasmes et de conceptions erronnées.
Considéré en Occident comme un livre érotique, catalogue de positions sexuelles, le Kama Sutra est en fait un texte fondateur de l’hindouisme médiéval.
Loin de ne s’intéresser qu’au sexe, il est un manuel de vie composé de sept livres divisés en trente-six chapitres, écrit au 4ème siècle dont le but est de rendre hommage aux trois objectifs de la vie le dharma (la vertu), l’artha (le bien-être matériel) et le kâma (l’amour et le plaisir).
C’est un texte qui couvre tous les domaines de connaissances, de l’art d’écrire à la musique à la danse, comment vivre sa vie, comment gagner de l’argent.
Il montre comment, en gardant l’aspect érotique en tête, on peut atteindre l’éveil spirituel…
Car Kama apporte la jouissance que peuvent se donner les personnes au moyen des cinq sens, de l’esprit et de l’âme.
Souvent richement illustré de miniatures, il prodigue des conseils de séduction et pour une vie harmonieuse dans le couple, notamment au travers de positions sexuelles (qui ne sont toutefois qu’un chapitre du livre à proprement parler), destinés à l’origine à l’aristocratie indienne.
C’est un ouvrage d’un grand intérêt pour l’étude de la vie dans l’Inde ancienne.
Le Kâmasûtra ou Kâmashâstra est le plus ancien texte sanscrit qui nous soit parvenu sur l’art de l’amour.
Son titre est composé de deux mots qu’il est important de comprendre. « Kama » signifie « désir », « amour », « passion », c’est aussi une des appellations du dieu de l’amour charnel, équivalent indien d’Éros ou de Cupidon.
Le second terme « sutra » a comme premier sens « fil », « cordon ».
Il désigne aussi dans la littérature savante hindoue une règle ou recommandation exprimée par le biais d’une formule brève, mais aussi un traité philosophique ou religieux d’où découle un aphorisme.
Du point de vue hindou, le Kamasutra est bien un traité qui vise à codifier la conduite amoureuse.
On trouve y ainsi par exemple des recommandations comme celle-ci : « les gens raisonnables qui connaissent l’importance de la vertu, de l’argent et du plaisir ainsi que celles des conventions sociales, ne se laissent pas entraîner par la passion » Kamasutra 7.2.53.
À l’origine, le Kâmasûtra était essentiellement destiné aux hommes et aux courtisanes : il décrit l’acte sexuel et la relation amoureuse selon les devoirs et les attentes de chacun des partenaires.
Cependant, le livre donne aussi des conseils aux femmes et aux couples et indique que les hommes n’étaient pas tenus à la seule relation sexuelle, mais devaient aussi maîtriser les baisers, les caresses, les morsures et les griffures.
Il décrit environ une vingtaine de positions, mais également le comportement à tenir par les partenaires pour laisser ensuite place à leur imagination.
Historique de sa conception
Il a été probablement composé dans le nord de l’Inde aux environs du IV ème siècle de notre ère et il est attribué au brahmane Vatsayana Mallanaga.
A l’instar de la plupart des traités sanscrits de philosophie, de mythologie ou d’arts, le Kamasutra s’inscrit dans un récit-cadre et se présente comme le résumé d’un texte beaucoup plus important, révélé dans un passé mythique et égaré au fil du temps.
L’auteur du texte se présente comme le garant et le passeur des principes universels et éternels exposés dans le texte précité.
Cependant cette introduction ne serait pas seulement une astuce littéraire, mais bien l’expression d’une réalité pour l’écrivain du texte.
Il semblerait, en effet, que Vatsayana aurait rédigé cet ouvrage parce que différents traités de « science érotique » des anciens maîtres étaient devenus inaccessibles.
Le premier de ces traités contenait mille chapitres et une vie humaine n’aurait pas suffit à l’étudier !
Il fut donc résumé et remanié à plusieurs reprises jusqu’à finir par devenir incompréhensible.
Alors la science de l’amour, de moins en moins fidèlement transmise, se voyait menacée de disparaître.
Voulant éviter cela, Vatsayana entreprit donc d’en réaliser une compilation à l’usage de ses contemporains : le fameux Kamasutra.
Composition et structure de livre
Le Kâmasûtra n’est d’ailleurs pas seulement consacré au sexe, mais traite également des manières et arts de vivre qu’une personne cultivée se devait de connaître.
Il aborde par exemple l’usage de la musique, la nourriture, les parfums…
Comme tout savoir traditionnel qu’on désire codifier, le Kamasutra cherche à donner une représentation systématique de tous les aspects de l’amour.
Certaines sections concernent les femmes et le sixième volume est consacré aux courtisanes.
Le traité commence par des généralités où l’auteur rend hommage aux sages du passé, fait l’apologie des « buts de l’homme » avertit que « ceux qui s’adonnent exagérément à la vie sexuelle se détruisent eux-mêmes ainsi que leurs proches » et prodigue enfin divers conseils aux lecteurs de l’ouvrage.
En effet celles qui ne sont pas courtisanes doivent aussi étudier la théorie et la pratique.
Mais elles doivent le faire en secret, initiées par « une femme habituée à coucher avec les hommes, une amie déjà initiée, une vieille servante digne de confiance ou encore une religieuse mendiante connue depuis longtemps. »
On y indique également que l’art érotique comprend des sciences annexes connues sous le nom des « soixante quatre arts » (Kala), au nombre desquels on trouve des activités aussi diverses que la musique, la danse, le dessin, la confection de bouquets de fleurs, la préparation des parfums, les charmes et la magie, la manucure, les travaux d’aiguille, l’agriculture, les devinettes, la connaissance des langues locales et étrangères etc…
Les livres suivants traitent successivement de l’art de la séduction, du choix d’une épouse, des devoirs et différents états de la femme mariée, des rapports avec les femmes des autres, c’est à dire l’adultère, – enseigné, précise Vatsayana, non dans le but d’inciter à le commettre, mais au contraire afin de permettre de déjouer les manoeuvres des rivaux éventuels.
Le kâma sûtra est un art d’aimer avant tout entre un homme et une femme.
Les postures sexuelles, tant de fois présentées en Occident ne sont qu’une partie « infime » de l’ouvrage.
Elles sont sont des recettes pour agrémenter la vie amoureuse du couple aux fins d’une réelle harmonie amoureuse.
Kamasutra et Yoga
Le Kama Sutra met l’accent sur la fluidité des relations amoureuses, tout comme le Yoga insiste sur la fluidité du mouvement.
Cela signifie qu’il faut adopter chaque position pendant un certain temps, puis en changer de manière fluide. Les mouvements doivent être lents et fluides, augmenteront progressivement votre souplesse.
Le Natha Yoga, la Voie du Passeur (celui qui transmet l’enseignement) et lignée de transmission la plus ancienne du Yoga, de base sur le tantrisme, dont le fondement est l’union de Shiva et Shakti.
◦ Shiva est le symbole de la Conscience Universelle
◦ Shakti est le symbole de l’ Energie Universelle.
La Conscience est l’origine, le « tout ».
Elle est immobile et éternelle.
Elle révèle et est révélée à travers toutes les manifestations de la création : objets, êtres vivants, états mentaux, …
L’ Energie est le versant dynamique et changeant.
C’est ce dynamisme qui permet à la Conscience de se révéler.
Si Shiva représente la joie éternelle, le « tout » immuable, Shakti, elle, est le mouvement grâce auquel la conscience se manifeste à travers la naissance, l’expansion, puis la rétraction (déclin) et la disparition de toutes choses.
Pour les tantriques, Shiva et Shakti sont inséparables, ils ne sont qu’un, unis depuis toujours et pour toujours.
L’initiation au sexe tantrique permet de nos jours à réapprendre à faire l’amour en pleine conscience et pratiquer à deux de nombreuses postures permettant l’unité physique, spirituelle et des deux âmes du couple.
Non, le kâmasûtra n’est pas un livre pornographique! (mais un peu quand même)
Qu’il est dommage, si vous voulez mon avis, que le Kâmasûtra soit réduit à un simple recueil de positions sexuelles! Depuis que cette croyance populaire est répandue, il n’est plus possible d’exhiber fièrement son Kâmasûtra dans sa bibliothèque sous peine de passer pour un gros pervers aux yeux de son entourage. Plus qu’un choix possible: en acheter un en douce et le planquer dans sa table de chevet pour le feuilleter à la nuit tombée quand toute la maisonnée est endormie (par simple curiosité intellectuelle, bien évidemment!). Pourtant, les 64 positions amoureuses qui y sont décrites ne sont qu’une infime partie de ce recueil de textes indiens datant environ du Ve siècle. Destiné à l’origine à l’aristocratie indienne, c’est un texte fondateur pour comprendre (en partie) l’Hindouisme et le fonctionnement de la société indienne du Ve siècle.
Dans l’Hindouisme, l’existence humaine est divisée en quatre étapes:
- L’éducation, durant laquelle on doit apprendre les textes sacrés, les Vedas;
- La vie active et sociale, dont le but est d’obtenir une descendance;
- La retraite, physique et spirituelle, dans laquelle on se détache des biens matériels;
- La libération spirituelle et l’accès au Samsara, le cycle des renaissances.
Comme le dit Vâtsyâyana, l’auteur du Kâmasûtra, en introduction au deuxième chapitre du livre:
« L’homme, dont la période de vie est de cent années, doit pratiquer Dharma [ndr: la sagesse], Artha [ndr: la prospérité matérielle] et Kama [ndr: le désir] à différentes époques, et de telle manière qu’ils puissent s’harmoniser entre eux sans le moindre désaccord. »
Le Kâmasûtra est donc consacré, comme son nom l’indique, au kama, la période de la vie d’un homme dédiée à l’amour et à la procréation. Richement illustré de miniatures explicites, le livre prodigue des conseils pour une vie harmonieuse au sein du couple. Mais on y apprend également que l’art érotique comprend 64 « kalas », des activités connexes aussi diverses que la danse, la musique, la confection de bouquets de fleurs, la préparation des parfums, la manucure, l’agriculture, le jonglage, et même… la mécanique!
Contrairement à la croyance populaire en Occident, le Kâmasûtra n’est donc pas du tout un ouvrage pornographique écrit par un vieil Hindou vicelard. C’est au contraire un traité qui vise à énoncer la norme en matière de conduite amoureuse et à établir un code de conduite pour régir l’ordre social et religieux.
Si vous voulez commencer à vous entrainer, je vous propose d'essayer ce jeux de dé qui vous fera connaitre quelques unes d'entre elles